Séparation (II)

30 juillet 2009

Un jour, elle t'a trouvé. Une annonce, quelques lignes attrayantes. Interpellée par les quelques mots lus, elle lui en a parlé. Un appel téléphonique. Un non hasard, une évidence, la vie qui danse. Un déplacement, la rencontre inouïe jusque toi. 1865. Toute une histoire, tout un message. La lourde porte s'est ouverte, leurs coeurs se sont mis à tambouriner. L'entrée en toi. Et le coup de foudre immédiat. Découverte des lieux. Émerveillement total. En allant de pièces en pièces, ils n'ont fait que confirmer leur décision déjà prise en leur fort intérieur. Muets devant ton extérieur. Pas de mot, juste des émotions ardentes et crépitantes. Et les projets ont fusé, le rêve devenait une douce réalité. Projet de vie dans une excitation commune. Frénésie, enthousiasme, amour. Un amour qu'ils pensaient infaillibles comme tes murs si solides, ta pierre si ancrée, ta charpente si solidement fixée. Rien ne pouvait leur arriver, tu saurais toi les protéger, les enrouler, les ni-douillet!.

Quelques signatures plus tard, tu es à eux. Elle, lui, unis autour de toi. Leur amour est scellé, à la vie, à la mort. En témoigne ces anneaux dorés qui brillent à leurs annulaires. A démarré une nouvelle ère, aventure. Effort, dure labeur, sacrifice, concession. Quête avide du meilleur matériel, dispute, désaccord. Motivation et lassitude, mais toujours persévérance. Les semaines, les mois, les années ont défilé.... Mais envie et en vie, rien ne pourrait les freiner dans cet élan d'amour. Rires, larmes, émotions. Satisfaction, plaisir. Ils t'ont rendu encore plus belle que tu n'étais, ils t'ont aimé passionnément, ils ont donné leur âme pour toi, pour-suivre ta vie et ton histoire. Ils t'ont modernisé tout en respectant ton passé, ton chemin. Tu es devenue leur abri, leur cocon, leur utérus. En toi ils ont trouvé paix, chaleur, réconfort. Ils se sont blottis au fil du temps, t'agrémentant et te parant. Tu as été leur projet de couple, leur édifice. Elle a été une jolie histoire à créer ensemble à deux, a quatre mains, au travers tes pierres. Le résultat a été a hauteur de leurs efforts. Ils ont été fier, et heureux.

Mais, car dans la plupart des histoires et autres légendaires contes il y a un mais. Le côté noir a plané sur eux insidieusement et leurs existences bien trop mauve. La roue a tourné, rapidement, vertigineusement. A l'image de celle de la fête foraine, elle a vite eu un goût de nausée. Trop. Un effet dévastateur, un crabe qui ronge l'être et qui prend tout, en laissant de gros dégâts. Échéance, déchéance. Plus le choix, sauf celui de rester vivant. Et de malgré tout regarder devant. Tout se mêle et s'emmêle, jusqu'à perdre le contrôle. Ne plus rien maîtriser, subir. Se perdre, se noyer, toucher le fond, noir, opaque. Te regarder avec tendresse et réciproquement. Tu ne veux pas nous quitter, ils l'ont compris. Tu es unie à eux, et tu sembles toi maîtresse, tu donnes l'impression de tenir les rennes, toi seule décidera de ton avenir, pour eux si incertain. Et l'issue est hélas sans issue. Oui, juste un mur.

...

Et retour dans ce même bureau. Une scène déja jouée il y a quelques semaines. Mêmes acteurs, et quasi même scénario. Action, moteur, "on tourne" (la page). Cette fois ci c'est la bonne hurle le metteur en scène. Et c'est la séparation, le clap de fin. Elle, lui. Plus un mot, un regard. Indifférence, et douleur percutante. Eux, heureux. Toi, qui vas continuer ta vie au travers les années, les décennies et elle le souhaite les siècles. Tu as abrité leur amour, tu poursuivras avec eux, jeune couple attirant. Tu leur insuffleras la force, la paix, l'envie d'aller plus loin. Tu prendras soin de leur bonheur, de leur futur. Des, elle le voeu vie(s) naissante(s). Elle pleure encore, mais t'aimera toujours. Le temps ne la rendra plus triste mais souriante à l'idée d'avoir vécu en toi avec lui, de t'avoir connu et participé à la chaîne de ta vie.