L'étrange particularité de la maison
Il est là, observateur et pensif. Il a à nouveau la maison face à ses yeux. Voilà un certain temps qu'elle lui plaît, l'attire et le fascine. Il a très envie de l'approcher, de la connaître afin de percer ses secrets, et trésors qu'elle renferme. Il désire ardemment se blottir à l'intérieur d'elle. Se glisser en elle. S'immiscer contre ses parois. Humer son odeur. Sentir sa chaleur. Se perdre en ses murs.
Prendre tout son temps tel un amoureux langoureux. Partir à sa découverte en effectuant une longue errance au travers d'elle, telle une excursion magique et dépaysante. Profiter de son nid pour se lover et se laisser aller.
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Lâcher prise...
Oublier...
S'oublier...
Jouir de l'instant...
CHUT
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Murmures, souffles, susurrements, échos des sens et des voix...
Il retire la clé (des champs) de sa poche, celle qui ouvrira le sésame, afin qu'il savoure et déguste sans aucune modération et avec grande délectation, et motivation. Avec délicatesse, il l'approche l'objet de la serrure. Bizarrement la clé (du mystère) ne passe pas. Mauvaise surprise! Coeur palpitant, et premières sueurs froides. La serrure semble obstruée, la clé ne peut passer. Est-ce la faute de la clé ou bien celle de la serrure? se demande t-il avec stupeur. Pourquoi alors les deux à cet instant là ne sont-ils pas en adéquation?.
Il ne veut pas forcer, ni insister. Fracturer la porte à coup de pied, ou à pied de biche. Pénétrer avec violence en son intérieur, en son intimité. Il préfère se résigner et s'en aller. A moins qu'il n'attende, insiste, persiste, réfléchisse pour tenter de trouver des solutions. Il hésite. Son coeur balance inexorablement.
La maison est si belle et accueillante. Il la regarde une dernière fois, et finalement reprend sa route, remettant la clé en poche puisqu'il ne peut y accéder. Il est frustré, impuissant face au désir si intense et vif qu'il a ressenti. Ça en devient douloureux.
Mais que penser de la maison abandonnée à son sort?
Il trouvera sûrement (évidemment) une autre maison, un autre abri, un autre cocon, qui l'accueillera, et où il pourra pénétrer sans entrave aucune. Mais il restera toujours en réflexion quant à cette clé qui n'a jamais pu rentrer. Il repensera alors avec douceur et tendresse à cette maison si particulière à son coeur. Il espère juste qu'un jour, la clé et la serrure finiront par s'emboîter, s'encastrer, se compléter, s'unir en parfaite complémentarité, unicité, et paisible harmonie. Ainsi la maison sera libérée de ses chaînes, de son passé, et à nouveau habitée.